H istoire de la photographie. La photgraphie en couleur et les frères Lumière
A ssez peu de gens savent que la photographie en couleur est très ancienne et encore moins qu’un richissime banquier, Albert Kahn, constitua une fabuleuse collection de plaques autochromes, inventées et commercialisées par les frère Lumière, en tentant de faire une sorte d’inventaire photographique du monde, au début du XX° siècle.
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Les recherches seront actives, mais à cette époque, le socle des connaissances en physique et en chimie a besoin de s’enrichir de nouveaux savoirs.. Il était en effet impossible de concevoir un dispositif photographique d’enregistrement des couleurs sans connaître la nature de la lumière ni disposer des premiers éléments de compréhension concernant le mélange et la restitution des couleurs, qu’ il s’agisse du rayonnement lumineux ou des matières colorées. C’est en 1891 que Gabriel Lipmann, responsable de la chaire de Physique à la Sorbonne met en place un procédé de reproduction directe des couleurs très complexe à mettre en oeuvre. L’effet coloré apparaît en regardant la plaque sous une incidence particulière. Il s’agit d ’un procédé dit « direct » exploitant les ondes stationnaires émises par la lumière à travers la plaque. En 1802, le physiologiste anglais Thomas Young met en évidence le dispositif trichrome de la vision, par l’analyse des cellules qui tapissent la rétine et dont la sensibilité chromatique se situe dans les régions bleues, vertes et rouges du spectre lumineux. Les imprimeurs avaient déjà tenté des reconstitutions de couleurs en utilisant des encres de ces trois nuances. C’était le RVB avant l’heure ! |
![]() « Jeune homme » de G. Lipmann, vers 1910 |
A
droite, l’appareil mis au point pour cette
technique : le
mélanochromoscope
![]() Composition, trichromie sur papier obtenue par transfert de colorants : Charles Cros, fin du XIX°s |
En 1917, Henri Bouasse, professeur à l’Université de Toulouse dénonce ainsi les déficiences de la méthode trichrome en ces termes :
« Ce procédé et des procédés analogues sont utilisables parce que l’oeil est extraordinairement facile à contenter. Pourvu qu’on lui montre le la couleur, il s’inquiète peu de savoir le degré de concordance entre le modèle et l’original. C’est chatoyant, c’est amusant : que veux-t-on de plus ? Les roses sont violettes, les citrons orangés, les oranges sont couleur de citron : nous en sommes quittes pour croire que les oranges n’étaient pas mûres, que les citrons sont d’une espèce à ce jour inconnue et que les roses méritent pour leurs couleurs un grand prix à l’exposition. Mais reproduisez un tableau dont l’original soit facilement accessible ; on s’apercevra alors de l’inexactitude du procédé » |