Histoire de la photographie. 

 

Tout ne n'est pas passé en Europe ! Tout le monde sait à quel point la simultanéité des découvertes photographiques en France, en Angleterre et en Allemagne a été attribuée à un
"contexte culturel et technologique " propice à cette ébullition inventive. Et pourtant, un individu totalement isolé de toute civilisation européenne, a sans doute été le premier utilisateur de la photographie dans le monde, inventeur solitaire et génial qui vivait au Brésil, Hercule Florence...

" Antoine Hercule Romuald Florence est né en 1804 à Nice. Orphelin de père avant ses quatre ans, il habita à Monaco durant quinze ans avec sa mère et ses frères.
Deux importants évènements changèrent la trajectoire de sa vie: l'engagement dans la marine royale française et la participation à l'Expédition Langsdorff.
Il s'engagea dans la marine à dix-neuf ans comme apprenti matelot. Et, en avril 1824, dans l'équipage du navire "Marie Thérèze", il arriva à Rio de Janeiro et ensuite decida d'y rester.
En 1826, pendant les préparatifs de l'Expédition Scientifique dirigée par le Baron Von Langsdorff, il logea à Porto Feliz chez le docteur et politicien Alvares Machado. C'est lá qu'il connut Maria Angélica avec qui il se maria em 1830, fixant ainsi sa résidence à Campinas, dans l'état de Sao Paulo.
" Hercule fut, principalement, artiste, aventurier, scientifique, et inventeur. "
Ainsi s'exprimait, à travers la traduction de Fernando de Almeida, Francisco A. Florence Neto, arrière-arrière-arrière petit-fils d' Hercule Florence, en 2005.
" Il révèle très vite un réel talent de dessinateur.
Parti en 1824 au Brésil, il va participer comme tel à l'exploration de l'intérieur de cet immense pays, dans l'équipe de scientifiques du médecin et naturaliste allemand Langsdorf.

C'est à lui que l'on doit la plupart des documents dessinés de l'expédition, d'une valeur inestimable pour l'anthropologie, l'ethnographie, la zoologie, la botanique... "
En 1830, il s'installe dans un village de la province de Sao Paulo, isolé du monde, ce qui l'amène à chercher un procédé d'impression pour publier ses découvertes sur la reproduction des sons émis par les oiseaux, aucune imprimerie n'existant dans sa province.
En 1832, il arrive à reproduire par exposition au soleil sur un support imbibé de sels d'argent des étiquettes pour des médicaments, donc bien avant que Daguerre ne communique son procédé de reproduction photographique. C'est d'ailleurs Hercule Florence qui le premier utilise le mot de " photographie ".

Dessin au crayon de Hercule Florence titré : " Equipement pour la photographie " 1837.
 
Figure 3 : croquis de la camera obscura de Florence.
 
Figures 1 et 2 : planches pour l'impression des exemplaires par contact, au moyen de la lumière. La planche, construite en bois, était orientée selon la position du soleil, au moyen de supports réglables.
 
Sur la partie inférieure de la planche ; détail en relief servant d'appui à la plaque matrice (de verre) contenant le dessin.
Entre la planche peinte en noir et la plaque de verre (servant de négatif) était placé le papier photosensible.

Dans sa recherche de substances destinées à rendre permanentes ses copies au chlorure d'or, il expérimente l'urine et l'eau. Il fixe ses épreuves au chlorure d'argent avec de l'hydroxyde d'ammoniaque.
Bien que sa démarche soit tout à fait exceptionnelle, en apprenant la nouvelle de l'invention européenne, il envoie un communiqué à la presse de Rio de Janeiro dans lequel il déclare " ne contester la découverte de personne...parce qu'une même idée peut venir à deux individus "
Ainsi, tout seul, loin de toute stimulation d'un groupe d'inventeurs travaillant sur le même sujet, il a participé à l'une des plus grandes inventions de ce siècle.
Assez désabusé par son environnement culturel, il écrivit ceci en 1839 :
" Dans un siècle où l'on récompense le talent, la Providence m'a conduit dans un pays où l'on n'en fait aucun cas. Je souffre les horreurs de la misère, et mon imagination est pleine de découvertes. Pas une âme ne m'écoute et ne me comprendrait. On n'estime ici que l'or, on ne s'occupe que de politique, commerce, sucre, café ou chair humaine. Je connais sans doute quelques grandes et belles âmes, mais celles-là, en très petit nombre, ne sont pas formées à mon langage, et je respecte leur ignorance. "
 
 
Note : les citations de Hercule Florence sont extraites d'une communication de Boris Kossoy, chercheur au centre d'études rurales et urbaines de l'Université de Sao Paulo.
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