Histoire de la Photographie. Alphonse Poitevin
Grâce aux découvertes de Talbot dont nous avons parlé dans le précédent chapitre, le papier devient le support roi de la photographie, à la fois pour les négatifs, et pour les tirages positifs. Le problème de la multiplication des tirages était résolu par l'emploi du négatif, et celui-ci signait la fin du daguerréotype. Cependant, cette multiplication des tirages restait très artisanale, et c'est Alphonse Poitevin qui découvrit un moyen industriel de multiplier les tirages, la photolithographie ou photocollographie permettant l'usage de la photographie dans les livres, et surtout, il est à l'origine de la production des cartes postales dont nous parlerons plus tard assez largement ...
Alphonse Poitevin ne fait pas partie des grands noms de
l'histoire de la photographie, ou plus exactement, il n'a pas acquis la
célébrité de ses grands
prédécesseurs. Cependant, derrière
Daguerre, puis Talbot, il est souvent considéré
par les spécialistes comme le troisième homme de
la photographie. Contrairement à ses
prédécesseurs qui, certes, étaient des
découvreurs de génie, lui est un vrai
scientifique, ingénieur chimiste. Le souci essentiel de Poitevin, le fil directeur de son
œuvre, a été de trouver la
possibilité de multiplier rapidement, et à un
moindre coût, l'image photographique, et en même
temps de la rendre permanente en l'affranchissant de l'emploi des sels
d'argent qui présentaient le gros inconvénient de
ne pas être parfaitement stables chimiquement. Il avait
conscience que ce n'est qu'une fois ces solutions trouvées
que la photographie pourrait rivaliser avec les techniques
traditionnelles de l'illustration et être diffusée
de façon à pouvoir être accessible
à tous. Ce double obstacle, auquel se heurtait la diffusion de
la photographie, n'échappait pas à tous ceux,
savants et photographes, qui dès l'origine se
passionnèrent pour ce nouvel art. Mais c'est à
Alphonse Poitevin que revint le mérite de proposer, le
premier, des solutions qui, si elles n'étaient pas parfaites
et industriellement exploitables dès le départ,
portaient du moins en germe les procédés
industriels des années 1880-1900. Il est à noter que les
procédés de Poitevin permettant de multiplier
l'image utilisaient l'encre d'imprimerie et donnaient donc des
épreuves stables mais qui, si belles qu'elles fussent (en
tout cas en ce qui concerne la photolithographie), n'étaient
pas comparables à des positifs obtenus par les
méthodes traditionnelles.