Histoire de la photographie. Chapître 3

 

Nous avons assisté dans le précédent chapitre au décès de Nicéphore Niepce, en 1833, qui du fait de son associaition avec Daguerre, laisse ce dernier seul face aux futurs développements de la photographie.


Louis Jacques Mandé Daguerre est né en 1787 à Cormeilles en Parisis. Son premier emploi le conduisit dans la vie routinière de l'administration des contributions indirectes... où il ne resta que peu et qu'il quitta pour étudier la peinture. Il entra chez Degotti, décorateur de l'Opéra. Très vite, il fut remarqué par son talent d'inventeur, et par l'adjonction de jeux de lumières aux panneaux peints, il contribua au succès de beaucoup d'oeuvres dramatiques jouées à cette époque.

Etant arrivé à une réelle maitrise de ses jeux de lumière, il imagina son Diorama.

Dans les années 1820-1825, tout Paris se précipite dans les Panorama, Pyronama, Cosmorama, Géorama et autres Diaphanorama, ce dernier présentant des vues transparentes des sites mondiaux les plus célèbres, quelque chose comme les ancêtres de nos diapositives, mais peintes à la main.Dans ce Diorama, il présente des paysages ou scènes changeants, créant l’illusion d’une véritable animation grâce à des techniques totalement nouvelles : un même site est peint sur une toile très fine, presque transparente, sur l’endroit avec certains détails, puis sur l’envers, comme une deuxième vue dans un dessin animé. Un subtil jeu de lumières éclairant de face ou de dos la toile, avec la lumière du jour (l’électricité n’est pas encore distribuée...) modifiée par des filtres de couleur rend certains détails de la scène tour à tour visibles, puis invisibles, puis changés dans leur forme ou leur couleur.

Comme un ancêtre du cinéma qui apporte à Daguerre une renommée parisienne considérable bien avant qu’il ne devienne l’inventeur du Daguerréotype.
Malheureusement, un terrible incendie, le 8 mars 1839 détruit la totalité du Diorama, ainsi que tous les documents de Daguerre...( à noter que c'est la veille que Daguerre reçut la visite de Samuel Morse dans son Diorama... )
Ayant découvert presque par hasard les travaux de Niepce, sur l'essai de fixation des images de la chambre noire, il s'en rapproche, et après le décès de ce dernier, continue seul ses essais.
Une quinzaine d'années se passent, lorsque, par un hasard que seuls les esprits supérieurs sont capables de mettre à profit, il remarque qu'une cuillère d'argent laissée sur une plaque iodurée y laisse son empreinte. C'est pour lui une révélation : Il abandonne alors tous les produits bitumineux utilisés par Niepce et entre sur la voie du succès. Il utilise dans la chambre noire des plaques de cuivre enduites d'iodure d'argent et a la géniale idée de soumettre cette surface impressionnée par la lumière, sans qu'aucune trace ne soit perceptible, à des vapeurs de mercure qui vont s'attacher au support d'autant plus que celui-ci aura reçu une lumière plus puissante.
Image certes très fragile, mais stable et inaltérable après que la plaque révélée ait été lavée avec une solution chaude de sel marin qui entraine l'iodure d'argent non impressionné qui aurait fini par noircir à la lumière.
Assez étonnament, personne en France, ne voulut s'intéresser à cette formidable découverte.
Daguerre qui cumulait les talents d'un inventeur et d'un homme d'affaires eut l'idée de présenter sa découverte à Arago, alors député des Pyrénées orientales. Ce grand physicien était également secrétaire perpétuel de l'Académie des Sciences.

Conscient mieux que quiconque de l'immense importance de l'invention de Daguerre, il proposa que l'Etat français achetât l'invention, afin que tous puissent en profiter, sans qu'elle soit protégée par un brevet.

La proposition de Loi fut présentée le 15 juin 1839 par Arago alors Ministre de l'Intérieur, puis votée en juillet.

L'Etat Français devenait propriétaire de l'invention, et en contrepartie, Daguerre recevait une rente viagère annuelle de 6000 Francs (15 600 € de maintenant) et le fils de Niepce se voyait attribuer une rente à vie de 4000 F (10 400 €).

Ainsi, l'Etat français reconnaissait les mérites conjoints de l'un et l'autre inventeurs, récompensant, si l'on peut dire, Daguerre qui avait concrétisé l'invention de la photographie.

Comme nous le verrons dans le prochain numéro, cette publication d'invention allait alimenter une multitude de perfectionnements et faire faire aux procédés de capture d'images des progrès considérables en quelques années seulement...

Dagguerréotype 15 x 20,5 cm réalisé vers 1845


- Tiens, ma femme, v'la mon portrait au Daggerréotype que je te rapporte de Paris.

- Pouquoi donc est-ce que tu n'as pas aussi fait faire le miens pendant que tu y étais ? Egoïste, va !

 

 

 

Caricature de Daumier


Voir en témoignage de l'enthousiasme déclenché par la publication de l'invention de Daguerre :

- Lettre de Samuel Morse adressée à sa famille en 1839

- Le début de la Daguerréotypomanie : texte de Marc Antoine Gaudin, témoin du 19 Août 1839


Retour à l'histoire de la photographie 1° chapître Retour au 2° chapître