Un peu de réflexion, voire de philosophie autour du  travail de conservation et de mise en valeur du Fonds Poyet

Bernard Marbot était conservateur au département des estampes et de la photographie à la Bibliothèque Nationale.

Lors d'un colloque organisé par le Ministère de la Culture, en 1988 sous le titre " les multiples inventions de la photographie ", Bernard Marbot, dans une communication particulièrement intéressante affirmait " qu'une Invention n'est complète que si la société l'accueille et l'intègre... "

Et de citer quelques chiffres édifiants :

" de 1851 à 1900, plus de 200 000 épreuves sont entrées à la Bibliothèque nationale, sans que le sérail et, à fortiori, le monde extérieur ne s'en doutent vraiment. A côté des gravures, les tirages faisaient pâle figure et n'étaient remarqués, lorsqu'ils l'étaient, qu'en raison de leur contenu documentaire. Ils étaient dispersés dans les séries thématiques créées au XVIII° siècle

( histoire, portraits, topographie, etc.) ou ils étaient mis à l'écart dans l'expectative d'un classement, puis délaissés, le temps passant. Cette situation s'est perpétuée jusque dans les années 1950, époque qui a vu s'amorcer un regroupement des photographies en ensembles significatifs ou en recueils sous le nom des auteurs.

Imaginez maintenant un immense vivier recélant 13 millions de pièces ( c'est, dit-on, le nombre d'images conservées par ce département de la Bibliothèque nationale) dans lequel il faudrait ferrer une espèce déterminée comportant environ 500 000 unités ( c'est l'estimation du nombre de tirages anciens reçus en cent trente ans, à l'exclusion des négatifs et des positifs directs. Et passe encore de les prendre, mais il faut ensuite les décrire (catalogage), les apprêter (conservation) et les servir (communication)

Ce genre de fouille a été mené, se mène ou se mènera en bien d'autres lieux. Il faudrait également parler des fonds en voie de réorganisation et des collections en cours de constitution Nous sommes assurés que les années à venir nous réservent maintes bonnes surprises et que la cohorte des découvreurs ira sans cesse s'augmentant. "

Après des années de non intérêt pour la masse des photographies réalisées au XIX° siècle et du début du XX°, le réveil actuel qui est le mien, autour du Fonds Poyet, ne nous fait pas oublier que quantités d'images dorment dans la poussière des greniers, et que notre tâche est de les faire sortir pour une mise en valeur et une conservation dans les meilleures conditions.

Cette prise en compte de ces trésors est qualifiée par Bernard Marbot " d'invention de l'invention " : La photographie existe depuis 1839, mais celà fait seulement une cinquantaine d'années que tout le monde en convient.

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